est-ce-que-notre-vote-au-quebec-change
ce à quoi je réponds:
Si l'on résume le point de vue de TestDummy, l'on comprend qu'il prétend que le pouvoir de la démocratie est nulle en raison des pouvoirs économiques. Point de vue que je partage partiellement, mais dont j'aimerais apporter quelques nuances.
Nous nous devons donc d'analyser plus en profondeur, les pouvoirs réels détenus par les sphères économiques et politiques afin d'être en mesure de déterminer à quel point ces deux facteurs on le pouvoir de s'inter-influencer et si, advenant le cas, l'économie serait présentement au contrôle de la politique, plus particulièrement au Québec pour le cas qui nous intéresse présentement. Mais l'exercice pour être concluant devrait être appliqué à tous les états du globe, surtout en cette époque ou la mondialisation est omniprésente et grandissante.
Le premier point avancé par TestDummy est le service de la dette. Il prétend qu’en fonction de sa dette, le gouvernement du Québec se doit de décider en raison des envies et besoin des grandes banques et de sa cote de crédits. Observons donc les faits, et collectons le plus de données pertinentes afin d'analyser cette situation :
Dette réelle du Québec : 221 milliard
Dette officielle du Québec : 160 milliard
Service annuel des intérêts de la dette : 6,2 milliard
Revenu annuel du Québec : 62 milliard
PIB du Québec : 178 milliard
Total des actifs du Québec : 139 milliard
Valeur actuelle de la Caisse de Dépôts : 135 milliard
Côte de crédit du Québec :
Agence Long terme
Moody’s Aa2 (stable)
Fitch Ratings AA - (stable)
Standard and Poor’s A + (stable)
Dominion Bond Rating Service A high (stable)
Statut financier du Québec :
Disponibilité et qualité de la main-d’œuvre : C
Coût du capital humain : C
Réglementation : D
Finances publiques : C
Environnement d'affaires : C
Moyenne : C
* la dette réelle représente les dettes combinées du provincial, du municipal et de la part revenant au Québec de la dette fédérale.
** les chiffres avancés sont tirés de l'institut économique de Montréal, du budget officiel provincial 2010 émit par le gouvernement du Québec, d'articles par la Presse Affaires et d'études économiques récemment publiées dans le Journal de Québec.
Voyons maintenant ce que nous pouvons comprendre de tous ces chiffres en fonction des implications qu'ils peuvent avoir sur la dépendance du niveau politique envers l'économie. Nous nous devons de vérifier si le fardeau de la dette rend le Québec dépendant de la volonté des grandes banques dans l'exercice de ses fonctions. Les seuls intérêts de la dette nous coûtent 6,2 milliards pour l'année 2010. Ce qui représente 10% de nos revenus. Donc pour chaque dollar que le Québec perçoit, il doit dépenser les 10 premiers sous en intérêts. Cela peu sembler énorme aux premiers abords mais si l'on regarde cela en perspective, on considère pour un individu (ou un couple) qu'il est possible de vivre avec une dette qui représente 60% de ses revenus, ce qui laisse théoriquement au Québec une marge de manoeuvre de 50%, soit environ 30 milliards par an, ce qui semble être confirmé par la côte de crédit du Québec donné par les grands financiers internationaux. D’autre part, nous devons aussi nous demander quels seraient nos possibilités pour rembourser directement la dette si on y était forcés. Simplement avec le capital de la caisse de dépôt nous serions à même de rembourser la part de dette d'un des 3 paliers gouvernementaux.
Ce à quoi nous pourrions ajouté le fruit de la vente d'Hydro-Québec, Loto-Québec, de la SAQ et des autres sociétés d'État afin de combler le reste pour payer entièrement la dette du Québec. Ça serait par contre une très mauvaise idée de le faire puisque les revenus engendrés par ses sociétés sont encore supérieurs au coût du service de la dette. Par contre n'oublions pas que nous continuerons tout de même à bénéficier des taxes engendrées par leurs activités. De plus, le PIB augmente toujours plus vite que la dette, ce qui est une bonne chose. Les banquiers ne peuvent donc probablement pas via ce levier obtenir beaucoup de faveurs des dirigeants Québécois. Nous devons par contre nous poser beaucoup de questions sur la façon dont est dépensé le reste du budget par le gouvernement pour les services de toutes sortes rendus à la population qui représentent un peu plus de 60 milliards. Il semble donc manifeste pour cette analyse que le pouvoir sur la politique appartient réellement au peuple qui est le principal bénéficiaire
des largesses du gouvernement.
La seule ombre au tableau est que nos choix de vie sociaux ne sont pas très favorables au développement de l'économie en général, un autre point qui me laisse croire que les grandes banques y sont pour peu dans l'établissement de notre budget. Par contre si nous ne redressons pas cette situation, il est clair que leur pouvoir ira en augmentant et que le notre ira en diminuant.
D'un autre côté si nous regardons les priorités d'investissements et leurs tendances, nous nous rendons compte que plus de 50% de notre budget sert à faire fonctionner notre système de santé publique. Si la santé n'est pas la priorité du gouvernement du Québec, dites-moi c'est quoi. Bien sur l'indice de performance en santé est loin d'être excellent, faire d'un domaine une priorité ne signifie pas une réussite assurée. Si l'on regarde les autres endroits ou le gouvernement du Québec "investi" son argent : régime d'assurance médicament, garderie à 7$ (à quand 10$) et autre filet social, rien de tout ceci ne crée directement de richesse, donc il serait surprenant que ces programmes aient pour source les demandes des grandes banques dont les buts sont on ne peu plus capitalistes. Bien sur au final les déficits engendrés par ses programmes sont pelletés sur la dette qui elle enrichi ces dite banques. Reste à vérifier qu'est-ce qui enrichi le plus les prêteurs, entre des dettes destinées à des programmes économiquement stériles ou des dettes destinées à des programmes de développement qui augmenterons la richesse globale de la société, donc par le fait même sa capacité à emprunter de plus grandes sommes et la sécurité de savoir qu'elles seront remboursées.
Comme nous n'avons pas pu prouvez concrètement que les acteurs économiques ont la puissance nécessaire pour dicter les actes du gouvernement québecois je vous propose de faire un petit survol de d'autres facteurs qui pourraient expliquer, du moins en parti, l'impression que notre vote n'a aucune valeur. Peut être après tout est-ce vrai, mais peu-être pas pour les raisons que l'on aurait pu croire au premier regard.
Le premier facteur en jeu est que notre régime démocratique, le régime parlementaire britannique, est le premier à avoir vu le jour et représente plus un compromis avec la monarchie qu'une cassure et de l'établissement d'une démocratie "from scratch" comme c'est le cas en France ou aux États-Unis d'Amérique. Étrangement, le premier ministre qui n'est pas le chef d'état (contrairement au président) possède plus de pouvoirs que celui-ci, car il est le représentant direct du roi. Les démocraties modernes on déployées beaucoup d'effort et d'originalité afin de séparer les 3 sources principales du pouvoir étatique, soit le législatif, l'exécutif et le juridique. Dans le système parlementaire britannique, l'exécutif est directement lié au législatif, ce qui entraine une confusion des pouvoirs. La seule distinction nette est faite au niveau du juridique. Donc il n'est pas surprenant que les
premiers ministres avec l'expérience aient tendance à abuser un peu impunément de leurs pouvoirs. Par contre il ne s'agit pas la d'un problème de la démocratie directement, mais plutôt de la façon dont celle-ci est appliquée ou gérée. Dans tous les cas, le gouvernement reste responsable devant le public et celui-ci conserve le droit de le remplacer par un autre parti ou même de créer un parti dans le but de renverser le gouvernement. Ce qui n'est pas le cas dans les dictatures n'y dans les systèmes totalitaires. Nous devons par contre nous inquiéter du fait que de moins en moins de citoyens font valoir leurs droits. Mais tout de même, si on prend un peu de recul, on peu ce désoler d'un taux de participation de 50% aux élections, mais il ne faudrait pas oublier que nous considérons un sondage ayant un échantillon de 1000 répondants comme scientifiquement valide. Donc à moins que tout ceux qui non pas été voter soit du même avis, il est fortement probable que ceux-ci l'auraient faits dans des proportions semblables aux résultats du vote. Ce qui est probablement un des meilleurs arguments en faveur de la théorie selon laquelle notre vote individuel est inutile. Un autre point que nous ne devons pas perdre de vue est que nous élisons des représentants en fonction des idées qu'ils représentent, mais nous avons tendance à oublier que nous les élisons beaucoup plus pour leur jugement (je n'ai pas dis qu'ils en avaient tous particulièrement) car dans la durée de leurs mandats ils seront plus souvent qu’autrement appelés à se prononcer sur des
événements circonstanciels plus que dans la tenue soutenue d'un agenda idéaliste. Comme malheureusement ce critère est rarement pris en compte par l'électeur, nous n'obtenons pas autrement que par chance, des gouvernements réputés pour leur sagesse et leur jugement, mais plutôt des gouvernements possédant la meilleure capacité possible pour enjoliver des idées. Je ne me lancerais pas plus loin dans cette idée afin de ne pas m'éloigner du sujet principal. Peut être en aurais-je l'occasion dans un futur post.
Pour conclure, je dirais que la valeur du vote au Québec est beaucoup plus atténuée par le fait que notre système politique est archaïque et désuet plus que par les pressions faite par les grandes banques. Évidemment, le facteur économique sera toujours important, mais ce fait demeure vrai qu'il y ait ou non de grandes banques à qui nous devons de l'argent, car la raison d'être majeur d'un gouvernement est d'ordonner la vie de la société qu'elle représente et que toute société doit avoir sa prospérité à cœur pour ne pas disparaitre au profit d'un autre groupe social plus efficace.
Wyzeman